Premier rallye Roses des Andes en Argentine (récit d’une Québécoise)

Pourquoi participer au rallye Roses des Andes?

• 2000 km de «route» en plein désert, de paysages à couper le souffle;
• Trois transferts d’aéroport vers Salta, en Argentine;
• Des falaises, des dunes, des salars et des fleuves à traverser;
• Une collecte de fonds de 6 mois;
• Des pipis aux 20 minutes, des barres Clif, des lingettes, du camping à -10 °C, du vin argentin, des fous rires.

J’ai vécu tout ça grâce au Trophée Roses des Andes, rallye qui a eu lieu pour la première fois en avril dernier en Argentine. Il s’agit d’un rallye d’orientation composé d’équipages exclusivement féminins (deux par deux) qui se déroule dans la Cordillère des Andes, à bord d’un 4×4.

L’objectif est de s’orienter durant six jours à partir uniquement d’un road book fourni par l’organisation et d’une boussole. Il en coûte environ 25 000 $ pour participer à ce rallye, montant amassé à coups de collectes de fonds dignes des campagnes de l’école secondaire. Nous avons passé par tous les styles : confection de foulards, organisation de soirées de toutes sortes, soupers-bénéfice, cuisson de biscuits et j’en passe. Quelques désagréments sont inévitables lors d’une collecte de fonds, que ce soit les collègues qui nous évitent pour ne pas avoir à acheter d’autres biscuits ou encore les quelques amis que nous avons perdus, exaspérés d’assister à notre ixième activité.

Je t’entends me dire, toi, Nomad Junkie, fan de liberté et de spontanéité : «mais pourquoi donc participer à une aventure aussi préparée et encadrée?» Excellente question. Je te répondrai qu’en tant qu’adepte de l’aventure non planifiée, j’étais sceptique, mais oh combien étonnée de réaliser tout ce que ce rallye m’a fait découvrir et m’a appris sur moi-même. Voici les trois principales raisons :

1. Évasion rapide pour mode de vie rangé

Il y a quelques années, j’ai voyagé en sac à dos autour du monde pendant un an et j’ai alors eu besoin d’un minimum de quatre mois pour décrocher complètement. Cette fois-ci, dès la seconde journée du rallye, j’avais déjà oublié qui j’étais, ce qui m’attendait au retour, mes mots de passe du bureau et comment faire du pâté chinois. J’étais tellement concentrée sur la conduite, l’orientation, les paysages et les nouvelles rencontres que tout le reste n’existait plus. Les paysages de l’Altiplano argentin nous ont fait passer par toutes les gammes d’émotions, mais également par tous les décors. Nous avons traversé des dizaines de paysages différents qui rappelaient un peu tous les pays, de la Nouvelle-Zélande, au centre des États-Unis et même jusqu’à l’Irlande. Ainsi, pour la jeune femme à la vie rangée que je suis, ayant seulement trois semaines de vacances par année, ce furent des vacances très «rentables» côté évasion, quoique moins rentables côté budget.

2. Dépassement de soi

Une fois sur les pistes de l’Argentine, j’ai repoussé mes limites davantage dans cette expérience que dans n’importe quel voyage en solitaire. Le fait d’être encadré peut avoir ses inconvénients, mais a beaucoup d’avantages. Nous étions plus en confiance de nous lancer à pieds joints dans les falaises, la traversée de fleuves et les hautes montagnes à plus de 4000 mètres sans médication, en sachant qu’il y avait une organisation derrière nous. Les dépassements ont été divers, que ce soit de développer des aptitudes mécaniques (j’en suis même venue à me questionner sur la pertinence de mon abonnement CAA) ou encore de conserver sa bonne humeur malgré un manque flagrant de sommeil et d’aliments sains et bourratifs (nous avons mangé des barres Clif pendant six jours… je vous mets au défi de ne manger que ça et de respirer la bonne humeur!)

3. Inspiration féminine

Honnêtement, le volet solidarité entre femmes me faisait peur. Je m’imaginais faire des cris de ralliement dans un gros cercle rose et philosopher sur la question féministe du 21^e siècle. J’ai en fait été conquise par les femmes inspirantes que j’y ai rencontrées. Chacune d’elles, par leur personnalité, leur histoire, leurs épreuves et leur courage, m’a appris énormément sur moi-même et m’a fait grandir chaque jour du rallye. Sans compter que si nous avions une crevaison ou si nous restions prises dans le sable ou dans les falaises, il y avait toujours au moins une femme qui s’arrêtait pour nous prêter main-forte avec un grand sourire.

Au niveau de notre performance, nous nous en sommes très bien sorties pour un premier rallye. Nous avons été en contrôle tout le long et la voiture s’en est sortie aussi indemne que nous. Au total, notre merveilleux pickup n’a connu que deux crevaisons, un enlisement et beaucoup d’envies de pipi. Quant à notre classement, eh bien, on s’en fout! Ta mère ne t’a jamais dit que le plus important était de participer!?!

Mélissa Hébert est une collaboratrice spéciale de Nomad Junkies. Si, toi aussi, tu aimerais le devenir, écris-nous!