Je suis de celles qui croient que la vie t’envoie des signes. Par moments, tu ne les vois juste pas. Comme la fois où j’ai fini une soirée d’automne en faisant du karaoké sur Céline Dion, sur mon laptop, avec mon amie au Québec. Un signe? Attends de voir la suite.
Direction Vietnam
Novembre étant plutôt sombre, j’avais choisi le Vietnam pour y mettre de la lumière. J’avais prévu CERTAINES affaires incontournables, comme Cat Ba (l’île où je serais restée une éternité ou presque, parce que paradisiaque et sportive, et où je suis allée un peu fort sur les mojitos aux fruits de la passion. By the way, ce qui se passe sur Cat Ba RESTE à Cat Ba), Hoi An (avec tes lanternes, t’étais parfaite), le delta du Mékong…
Le trip sur ce fleuve fût au final une expérience touristique un peu too much, tristement, mais tant qu’à être touriste, aussi bien m’assumer. J’ai pas pu me retenir pour le tour en bateau avec le chapeau de bambou. Malgré l’absurdité du moment, ça m’a rendu joyeuse pareil.
J’avais quand même besoin d’aller en zone moins connue, moins prévue. C’est là que la vie fait son œuvre, d’habitude. Quand tu ne sais pas, que tu ne cherche pas (je sais, y’a des jours, on n’a pas le goût de l’entendre, celle-là..), que tu n’angoisses pas, mais que tu es juste OUVERTE aux opportunités.
Le signe que j’attendais?
Imagine, tu te promènes dans les rues de Dalat, te fais apostropher par un représentant d’agence pour voyageurs, as usual. Tu sais pas trop pourquoi lui, pourquoi là, mais tu t’assis dans le bureau. Dans l’heure qui suit, tu pars sur la route, ton backpack attaché ben tight en arrière d’une moto.
Un autre signe, comme si tu avais créé le trip qui s’en venait. La fille que tu es aime magasiner À L’OCCASION – UN PEU – surtout en voyage. J’avais acheté un casque, à Saigon, même si je fais pas de scooter (au Québec, je rêve de temps à autre de conduire une Vespa vintage dans les rues de Montréal). Je me disais que ça ajouterait du piquant à ma ride de vélo pour aller travailler l’été prochain. Mais je savais pas qu’il allait avoir du vécu de motard pour vrai.
«If you’re happy, I’m happy.»
J’ai bargainé un peu le prix, quand même. Poignée de main avec Nghiêp, mon nouveau meilleur ami, après qu’il m’ait montré la map, la route, le plan pas prévu. C’est un motorbike deal : 5 jours, direction le Nord, des km, des dizaines de stops… Je me sens si wild, mais c’est quand même pas monter l’Everest ou faire un saut en chute libre.
Mon Motorcycle Diary au Vietnam
Je conduirai pas, je vais juste profiter du paysage assise en arrière (je pense que T’AS LE DROIT de te sentir game PAREIL, c’est quand même plus excitant que d’acheter un café à la machine du bureau à la pause). Je vais voir du pays, pas le mien, avec les cheveux dans le vent, du soleil dans mes lunettes pis des images dans la tête pour au moins les 6 prochains mois.
Faut que tu t’entendes bien avec, ton partner qui conduit, parce que tu voyages avec lui, accoté, pour un bout de temps. Pendant des jours, tu manges de la soupe avec lui au déjeuner, trinques avec de la Bia Saigon le soir, bois des cafés à de petites tables de plastique les après-midi. Vous finissez même par avoir une routine de roadtrip.
T’as raison, ça ferait une belle trame de fond pour une love story. Oui, j’aurais pas haïs ça, qu’un beau barbu backpacker fasse la route avec moi. Je te dis pas que j’ai pas eu quelques pincements au cœur et une seconde d’envie (PAS PLUS) quand j’ai croisé des couples PARFAITS qui partageaient une moto. Mais j’ai pas besoin qu’un Brad Pitt conduise la moto pour que ce soit MERVEILLEUX pareil.
En plus, Brad ne connaît sûrement pas les meilleurs spots de nice views du Vietnam et ses multiples lieux inusités. Nghiêp était fort sympathique, généreux de ses connaissances et de son vécu, un homme de cœur. Il s’est ouvert sur sa vie, m’a raconté des tonnes d’histoires, commençant inévitablement par : «You know, my country…». Maintenant, je sais plus qu’avant. Un peu plus.
Oui, tu peux faire affaire avec un Easy Rider pis te sentir aventureux pareil (Easy Rider: guide à moto qui fait voyager les gens, itinéraire sur mesure, un peu partout au Vietnam. Nommé ainsi par un journaliste américain venu expérimenter les tours guidés).
En plus, y’a des avantages évidents :
- L’Easy Rider, un bon/de confiance, a l’expérience de la route, de la moto, du mode de vie nomade et dans le cas de Nghiêp, de la vie.
- Il te traduit quand tu veux échanger pour VRAI avec les locaux que tu rencontres. Quand t’es seul avec un «gars de la place», le contact te semble plus réel.
- Il te balade au cœur du trafic vietnamien, puis tu te sens quand même en sécurité. Priceless.
- Il t’amène dans des restos ou t’aurais jamais cru aller, parce qu’à l’apparence louche, mais t’aurais jamais mangé d’aussi bonnes bouffes authentiques. Tu te sens tellement INTO IT. Bon, il te met de la sauce au poisson partout dans ton assiette, mais tu fais avec pis tu finis par en rajouter toi aussi.
- Il te présente son fils, ses amis collégiens et t’invite à manger avec eux – un Lau (fondue) de la mort. Tu trinques au moins 200 fois. La soirée finit dans une salle parfaitement kitsch de karaoké asiatique, où les gars chantent de façon tellement convaincante que c’est beau. Y’a des lumières qui clignotent pis des boules disco. «Céline Dion, you know?». (Flashback! Je savais que ça allait me rattraper! Le signe qui m’est apparu de façon si sneaky!) Ta performance est horrible mais au combien inoubliable. Aller au Vietnam sans vivre le karaoké, c’est manquer quelque chose.
T’aurais certainement pas vécu ça en bus. T’aurais pas vu tout ça si tu avais tout planifié ton itinéraire d’avance. L’expérience dans son ensemble fut rafraîchissante, joyeuse et parfaitement imparfaite. Montagnes, baies, bords de mer, routes sinueuses, jungle, villes. Regards croisés sur la route, sourires retournés, signes de peace renvoyés aux enfants. Ils trippent puis ils rient en te voyant sur la moto avec M. Dinh Thành. Avec ton casque girly pis tes lunettes, ils voient bien que tu n’es pas une fille de la place.
La route a fini par finir et Nghiêp est reparti sur sa moto. J’ai dû continuer by myself; c’est là que tu commences juste à réaliser la chance que t’as eue. Oui, c’était un peu over mon budget calculé sur le «coût moyen en Asie du Sud-Est». Mais je me dis que j’achète des affaires pas si utiles, des fois, pour pas mal plus cher… Nghiêp, entre lui pis une nouvelle robe pour Noël, tu le choisis lui. Ok, tu l’aurais peut-être échangé pour un autre; rien qu’une fois ou deux. Tsé, à la promenade dans les dunes de sable rouge, à Mui Ne, au coucher du soleil? (Damn, t’as recroisé le couple PARFAIT!)
Pour le reste, c’était sans faute ou presque.
J’ai fait un autre check sur ma liste
Je peux dire à ma mère que j’ai fait la route à moto ces derniers temps, maintenant que c’est fini (avec le temps, j’ai appris à omettre certains détails sur mes périples, pas toujours essentiels à dire). À part une esthétique brûlure de débutante à la jambe, j’ai fini le tout sans anicroche. Ça me fait un souvenir dans le même genre que les Thailand tattoos, qui me rappelle, même quand je suis en belle robe, que j’aime me la jouer pseudo-aventurière et prendre des risques.
Ça valait le coup pis c’était beau. Je suis nostalgique et j’ai encore plus le goût de m’acheter un scooter. Je mettrai mon casque jaune à fleurs exotiques pour aller me promener dans les rues de Montréal l’été prochain; je penserai à Nghiêp pis ça me fera sourire.
Avant de partir, ce Easy Rider m’a envoyé, comme s’il avait saisi un peu de mes craintes profondes (ou peut-être qu’il m’a vue regarder les perfect couples voyageurs?) :
«You’re a good person with good heart. You will find your Romeo.»
Merci Nghiêp, t’es pas mal fin.
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