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Pourquoi tu devrais continuer à voyager (même en avion) si tu habites au Canada

La tendance est de pointer du doigt ceux qui voyagent et surtout ceux qui voyagent en avion. C’est mauvais pour l’environnement, c’est démontré, c’est prouvé, voilà point final. 

Voyageurs québécois vs voyageurs européens

C’est certain que si tu es en Europe et que tu veux voyager, tu peux définitivement facilement remplacer un vol d’avion low cost par une ride de train et continuer à découvrir d’autres pays, d’autres cultures.

La dénonciation de prendre l’avion prend donc un certain sens dans ce contexte.

Quand on est au Québec, on va pas se le cacher, c’est pas la même réalité, c’est pas les mêmes distances.

J’ai récemment traversé le Canada d’un océan à l’autre, 12 000 km, 60 jours en auto, je sais, ça aussi, ça m’a fait perdre des points de karma écologique.

Je m’excuse, j’essayais juste de voyager local, mais dans le 2e plus grand pays au monde.

Et j’en suis venue à me poser la question suivante : « Est-ce qu’un vol d’avion entre Montréal et Vancouver est vraiment plus néfaste que de conduire en brûlant de l’essence pendant X heures, en consommant pendant plusieurs jours, en accumulant les cups vides de Cappuccinos glacés? »

Quand t’es Québécois et que tu veux être exposé à une culture différente de la tienne et que tu ne veux pas prendre l’avion, va falloir prévoir quelques semaines en voilier, un méchant roadtrip ou une sacrifice de longue ride de vélo.

C’est la pointe de l’iceberg et l’iceberg fond

Question de ne pas être que condescendant et amer, il faut reconnaître qu’il y a définitivement un début de conscience collective environnementale qui commence à émerger dans la société en général et, par le fait même, dans l’univers des voyageurs.

Même si ce n’est que la pointe de l’iceberg, ça reste une excellente chose d’être conscient de l’impact environnemental de nos actions et d’opter pour des solutions plus écoresponsables, de voyager plus lentement, de voyager différemment et de commencer en gang à réfléchir à des options alternatives. Si on veut continuer de voyager, va falloir que la planète continue d’exister.

S’acheter une conscience écologique comme voyageur

Nouvelle réalité, nouvelle opportunité. Certaines compagnies aériennes et tours organisés ont rapidement compris comment gagner des points de sympathies dans cette nouvelle vague de Guilt Trip de voyageurs.

Eh oui, tu peux maintenant littéralement t’acheter une conscience écologique. Tu achètes un tour auprès d’une agence de voyages, on te dit que tu vas dépenser 23 tonnes de CO2 pour ton prochain vol d’avion, tu paies 67$ chin-chin et quelqu’un ira pour toi planter des arbres pour compenser tes vacances. Les arbres seront-ils vraiment plantés, ça va-tu vraiment compenser?

Le plus important, c’est que tu n’auras pas dépensé une goutte de ta précieuse sueur, mais que tu vas pouvoir étaler fièrement sur tes médias sociaux ton geste tellement écologique et même te faire féliciter par ton entourage virtuel en accumulant des précieux « likes » sur ta publication, doublement gagnant! Reste que l’intention est bonne, mais ça mérite réflexion, mettons.

Si l’avion pollue, l’ignorance tue

Quand on fait le procès de voyager, on dirait que personne ne pèse l’ensemble. Voyager est mauvais pour l’environnement, mais n’y a-t-il rien d’autres de positifs à voyager? En tant que société moderne et développée, est-ce vraiment ce qu’on veut transmettre comme message aux futures générations? Arrêter de voyager?

Si on stigmatise les voyages, on va les remplacer par quoi exactement? On va privilégier voyager en images sur Netflix versus aller voir par soi-même? Really? Voyager est une expérience formatrice unique, une forme d’éducation qui ne s’acquière pas sur les bancs d’écoles.

Imagine qu’on dise, vous avez raison, arrêtons tous de voyager, restons chez nous, entourés de gens justes comme nous. C’est la meilleure solution apparemment, intéressons-nous uniquement qu’à nous, le monde va aller mieux ainsi.

La tête dans le sable dans notre monde de privilégiés, on va pouvoir se féliciter de notre conscience écologique, de notre inaction, de notre passivité face à l’urgence. On va se coucher le soir, fiers, fiers de ne pas avoir voyagé, fiers de ne pas avoir pollué.

C’est pas un peu facile? Faire rien pour sauver le monde! 

J’entends la voix de la personne qui blâme les voyageurs : « L’environnement me tient à cœur, donc j’ai arrêté de prendre l’avion, en ne faisait rien, je fais la différence et, en plus, c’est pas forçant. Regarde, je suis en train de le faire en ce moment même, je ne voyage pas. » Slow Clap

Plusieurs études estiment à 2% l’impact mondial des vols d’avion sur l’ensemble global des émissions de gaz à effet de serre.

Il faut évidemment comprendre que ces vols d’avion sont aussi ceux qui transportent les produits achetés à l’étranger, pas seulement les voyageurs. Qu’en est-il du 98% restant?

C’est pas pour changer de sujet, mais 24% des émissions mondiales proviennent de la déforestation et l’agriculture. Un autre 25% des émissions globales proviennent de l’électricité et de la production de chaleur pour les bâtiments et habitations.

Est-ce qu’on n’est pas en train de focaliser sur les vols d’avion comme lorsqu’on focalisait sur les pailles? Est-ce qu’on n’est pas en train de se leurrer avec un Quick Fix environnemental sans effort?

C’est pas un peu comme mettre un plaster sur une hémorragie? Ça ne vaudrait pas la peine qu’on réfléchisse à l’ensemble, qu’on cerne les problèmes d’envergure et que les actions soient du même calibre?

Peut-on mettre les effets positifs de voyager sur la balance? 

Le tourisme, même si personne n’aime le terme, peut être positif. Les experts s’exclament que c’est grâce au tourisme qu’il y a encore des gorilles au Rwanda.

Le tourisme permet de financer de nombreuses actions essentielles de protection de la faune et de la flore dans les parcs nationaux et aux quatre coins du globe.

Est-ce que le tourisme crée un impact plus positif que négatif sur l’environnement? Certains experts le croient, je reste sceptique en matière purement environnementale.

Je suis par contre convaincue que voyager amène quelque chose de positif au niveau de la conscience individuelle et collective. Si nous ne sommes pas en train de faire les changements nécessaires pour arrêter la destruction de la Terre, ce n’est pas fondamentalement un problème écologique, mais bien un problème de conscience sociale, un problème de comportement de société, un problème de déresponsabilisation.

Et voyager, c’est justement prendre conscience. Prendre conscience qu’on n’est pas seuls, prendre conscience qu’il y a un bon et du moins bon dans l’humanité, prendre conscience qu’il y a autant de problèmes que de solutions, prendre conscience qu’il faut s’entraider et s’unir.

Voyager, c’est voir de ses propres yeux la beauté du monde, voir ce qu’on pourrait perdre. Voir l’« Avant » et être conscient qu’on ne veut pas le voir le « Après ».

Voyager permet, voire oblige à développer son ouverture d’esprit, permet de développer la tolérance envers la différence, d’être curieux envers l’autre, de constater qu’il n’y pas qu’une seule façon de faire pour que ça fonctionne.

Voyager, c’est être conscient qu’on n’a pas toujours raison, qu’on ne sait pas tout, qu’on n’est pas supérieur parce qu’on se complait dans la modernité.

Voyager, ça permet de réaliser qu’il y a des liens entre les humains qui existent, des liens plus forts que ceux de la religion, de l’ethnicité et du rang de social.

Voyager permet d’être inspiré, d’être exposé à d’autres réalités, de partager des façons de faire et de réfléchir à des solutions.

Parce qu’au final, on est tous dans le même bateau et il est train de couler, alors plutôt que de s’isoler en arrêtant de voyager, pourquoi on n’essaie pas tous de se rapprocher, de se rencontrer et de colmater les trous afin de ramer tous dans le même sens.

Emilie Robichaud
Je suis accro au mode de vie nomade! J’ai quitté ma zone de confort pour voyager à temps plein. Mon tour du monde sans fin compte plus de 71 pays et ça continue! Le voyage, c'est un style de vie et un état d'esprit!
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3 COMMENTAIRES

  1. Je ne suis d’accord avec cet article (même si je voyage encore!). Ce genre d’article déresponsabilise la personne qui choisit de partir voyager. Il est connu qu’un vol d’avion, même si tout le reste de l’année tu n’utilises que le vélo, est aussi délétère que de posséder et conduire une voiture toute l’année. Si tu voyages, assume que tu vas faire une empreinte environnementale, assume que tu contribues au réchauffement planétaire et à la destruction des belles forêts que tu vois (ou ne voit déjà plus) Pis demande-toi ce que tu cherches dans ces voyages et vois si tu peux pas le trouver plus proche. Évidemment je ne te vise pas personnellement et comme je disais plus tôt, je prends encore l’avion alors je serais bien mal placée pour dire que j’ai fait tout l’effort nécessaire pour “sauver l’environnement” mais faut juste pas l’oublier que ça nous accompagne à chaque fois qu’on prend la décision de voyager. Je t’invite à lire le “Manuel de l’anti-tourisme” écrit par Rodolphe Christian d’Ecosociété qui m’a ouvert les yeux à ce sujet il y a plusieurs années et qui m’a profondément marquée.

  2. Excellent article! C’est vrai qu’il faut relativiser! Honnêtement, c’est une mode plus qu’autre chose d’après moi. Au même titre que le Veganisme qui est devenu ”in” au courant des dernières années! Et on voit clairement selon les statistiques que plusieurs reviennent à leurs vieilles habitudes par la suite. C’est une hypocrisie momentané qui se permet de moraliser les autres sur une tendance souvent court terme de leur vie!

    C’est assez ridicule!

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