J’avais 19 ans, je terminais ma première année d’université et ma meilleure amie et moi avions décidé sur un coup de tête de partir 6 semaines en voyage backpack, en Asie. Nos connaissances sur ce continent se résumaient aux nouilles ramen que nous mangions dans le chinatown de Montréal, mais sans plus. Mon amie avait déjà fait 2 semaines backpack en Europe, moi, nada. J’avais beaucoup voyagé, mais avec ma famille et majoritairement dans des hôtels.
Ce qui m’attirait de l’Asie, c’était l’inconnu. Je voulais découvrir de nouvelles cultures, des paysages à couper le souffle et vivre l’expérience backpack loin de ma zone de confort. Je suis assez têtue et quand j’ai une idée derrière la tête, rien ni personne ne peut me faire changer d’avis.

« Papa, maman, je vais partir en Asie cet été. »
Les regards perplexes de mes parents se sont croisés et ils m’ont regardé avec de gros points d’interrogation dans le visage. Ils finirent par me répondre : « Où ? Combien de temps ? Avec qui ? Avec quel argent ? ».
J’ai tenté de les rassurer en leur disant que je n’irai pas seule, qu’on serait deux filles de 19 ans, ensemble pendant 6 semaines entre le Vietnam et la Thaïlande. Et pour ce qui est du budget, on m’avait dit que l’Asie du Sud-Est était vraiment abordable (mon « salaire-d’étudiante-qui-a-travaillé-dans-des-camps-de-jour » ne souffrirait donc pas trop).
Mes parents ne semblaient pas convaincus. Ils avaient l’air inquiets par le fait que ce soit mon premier voyage seul en dehors du pays (mis à part quelques week-ends aux États-Unis) et surtout, que nous n’étions que deux jeunes filles. Ils tentaient de me dissuader en me faisant part des risques possibles et en me proposant d’autres destinations « moins loin de la maison », mais je leur ai annoncé :
« Les billets d’avion sont déjà achetés. »

Silence. Oui, j’avais déjà pris ma décision dans leur dos, fidèle à mon côté « adolescente rebelle ». Je partais. Qu’ils le veulent ou non (et ils ne semblaient pas s’en réjouir sur le coup).
Quelques mois avant le voyage, mes parents m’offrirent un magazine pour me préparer à mon premier voyage backpack, ainsi que quelques accessoires qui me seraient utiles. J’avais compris par-là qu’ils acceptaient ma décision, mais restaient inquiets (ce que je comprenais).
Il y a ensuite eu l’incident de la réaction allergique au vaccin oral contre la typhoïde (résultant une couple d’heures à l’hôpital et une petite peur d’arrêter de respirer), et le fait que j’avais oublié de prendre ma deuxième dose du vaccin pour l’hépatite A. Je partais donc en Asie avec une santé fragile (de quoi rassurer mes parents), sans trop de protection (oups).

La veille du grand départ, souper en famille et derniers préparatifs. On se mit d’accord, je devais leur donner des nouvelles aux 2 jours MAXIMUM, leur dire mon itinéraire des premiers jours avec les adresses des hostels dans lesquels on resterait et me procurer une carte SIM à mon arrivée. Deal.
Après presque 30 heures de voyagement, qui parurent une éternité (parce qu’à 19 ans, tu choisis les vols les plus cheaps avec pleins d’escales), on est arrivé à Hô Chi Minh. J’ai texté à mes parents, grâce à ma nouvelle carte SIM, que nous étions en vie, et en route vers notre première auberge de jeunesse.
À peine deux jours après notre arrivée, je commençais une réaction cutanée, de quoi rassurer papa et maman. J’avais la peau du visage épaisse, rugueuse et parsemée de petits points rouges. Je me suis auto diagnostiquée (ce qui n’est pas toujours la meilleure idée) une réaction allergique au soleil asiatique.

Je me sentais relativement bien, mis à part cet incident cutané. Mon visage est revenu à la normale quelques jours après. Puis un autre problème de santé survint. Mal de ventre atroce, j’étais clouée au lit d’un hostel à Hoi An et je culpabilisais d’empêcher mon amie de profiter de la ville.
On s’est rendu dans une pharmacie pas trop loin où j’ai expliqué au propriétaire que j’avais une grosse « pain in the stomach ». Notre conversation se résumait à lui qui me demandait : « Vomit ? Diarrhea ? » et moi qui lui répondais : « no, no ». Le propriétaire, qui semblait avoir trouvé la cause de mes maux de ventre, m’a tendu 20 pilules de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Il m’a dit en anglais « deux jours ». Pour être certaine, je lui ai redemandé : « deux PAR jour ? », ce à quoi il m’a répondu que non, je devais prendre ces 20 pilules inconnues en deux jours (10 par jour).

Lorsque mes parents ont appris cela, ils se sont inquiétés (avec raison) de savoir que j’allais ingurgiter des pilules que nous ne connaissions pas. Je l’ai fait pareil. Mon mal de ventre est miraculeusement parti et je n’aurais pas pu être plus reconnaissante envers la médecine vietnamienne!
Pour se rendre à la ville suivante, on avait pris connaissance des « easy riders », qui étaient un groupe de guides à moto reliés à un hostel. Ces guides t’embarquaient derrière eux, sur leurs motos et t’amenaient où tu voulais pour la journée en te faisant entre autres découvrir des coins locaux.
« Salut papa et maman, demain on part en moto jusqu’à la prochaine destination. Ne vous inquiétez pas, on ne conduit pas. »

Encore le genre de message qui peut faire faire une crise cardiaque à tes parents. Mais que pouvaient-ils bien faire? J’étais LITTÉRALEMENT à l’autre bout du monde et ils savaient que j’allais faire à ma tête. Puisque l’épisode de la moto avait été avalé par mes parents, j’ai ensuite opté pour des locations de scooters par-ci par-là.
Après ces péripéties, ce qui devait arriver arriva, ma carte SIM ne fonctionnait plus, et nous étions à Sapa, dans le fin fond des montagnes du Vietnam. Je n’ai donc pas pu donner de nouvelles à mes parents pendant 4 jours (jusqu’à ce que je trouve un café avec du wifi). Je pense aussi qu’à un certain point, ils n’ont eu d’autre choix que de me faire confiance et d’espérer que je revienne en un morceau. Ce que j’ai fait.
« Scuzez papa maman. Je sais que je vous ai fait vivre quelques peurs. »

Mis à part ces quelques problèmes, ce fut mon plus beau voyage à vie. L’Asie m’a permis de découvrir le backpack, de sortir de ma zone de confort, de faire face à tous les imprévus et surtout, de tomber en amour avec deux cultures tellement différentes de la mienne.
J’attends impatiemment le moment où j’y retournerai, mais cette fois, je serai plus expérimentée et surtout, plus âgée.
PS: Si tes parents et ton entourage ne sont pas capables de t’empêcher de partir toi aussi, pars au moins avec une assurance voyage Safetywing!
Wow belle histoire et tu m as fait revivre mon 1er backpack à 19ans aussi! J ai aussi mis mes parents sur le fait accompli du billet acheté. 3 mois prévus en Europe qui se sont transformés en 15ans! Ils étaient bien contents de venir me visiter à moindre coûts lol!!! Force de l âge, 41 ans et autant de pays en backpack, maintenant c est moi qui les amène en sac à dos à travers le monde!!! Continue sur cette voie, crois moi que c est la meilleure école! Si t as besoin de cues, n hésite pas. Prends soin de toi