Eb, animatrice et réalisatrice-conceptrice de la websérie Génération Nomade : «Cet épisode occupe une place assez spéciale, car il se déroule chez moi, dans mon pays d’origine, les Bahamas. En effet, mon teint basané est un héritage des Caraïbes. Oui, je suis moitié québécoise et moitié bahamienne. Plus jeune, ma mère ne ratait jamais l’occasion de nous faire découvrir sa culture à travers ces îles paradisiaques et c’est grâce à elle, ici, que ma passion pour les voyages s’est développée. C’est tout de même un bel adon de retrouver ici Alexandra et Julien, mes bons amis de Montréal, nouvellement nomades, qui entament leur tour du monde sur un voilier de 30 pieds. Ce sera définitivement une nouvelle façon de découvrir les Bahamas pour moi.»

Andraloha : Voyager au gré du vent et des marées
Eb : «J’ai hâte de découvrir à quoi ressemble leur vie sur le voilier depuis leur départ de Montréal il y a quelques mois, mais avant de partir quelques jours loin de la civilisation parmi les quelques 700 îles des Bahamas, nous décidons de sortir danser avec mes cousins… »
Comment vous qualifiez votre type de nomade?
- JULIEN : Nomade libre. Libre parce que la voile c’est quelque chose qui nous apporte une liberté, je pense, infinie. Chaque jour qu’on continue notre navigation, on déménage. C’est la meilleure définition d’être nomade, chaque jour on change de «spot» et vu que c’est notre maison qui flotte, c’est un déménagement en même temps. Donc la liberté est là à 100%. On décide de quand on va bouger, où on va aller… C’est gratuit pour s’ancrer n’importe où.
- ALEXANDRA : Si on aime un endroit énormément, on peut décider de rester là 1 semaine, 2 semaines, 3 semaines… Il n’y a pas de limites!
- JULIEN : C’est la liberté totale!

L’art de l’auto-suffisance
- JULIEN : Bon, je me suis essayé sur quelques poissons, je les ai perdus. Ils se cachaient bien dans les coraux. Par contre, on va pouvoir se faire une salade de «conch».
- ALEXANDRA : Ce n’est vraiment pas beau, mais je pense que Eb va être fière de nous.
- EB : Trop contente! OK, le «conch» c’est l’emblème de la nourriture aux Bahamas et c’est d’ailleurs un de mes mets préférés. C’est un mollusque de mer. On en met dans la salade, on fait des petites boules frites , on en mange frit comme du calmar. Pas beau à voir, en effet, mais ce soir on va se faire un bon souper. Pour faire la salade de «conch» parfaite, il ne faut que 7 ingrédients. Un «conch» fraîchement pêché par Julien Turcot, tomates, oignons, mangues, sel, poivre et beaucoup de jus de lime et on est en business. Alors je vous cuisine un souper de roi ma foi.

- JULIEN : Là on s’en va à Normans Cay. Normans Cay c’est une île des Exhumas aux Bahamas. J’ai vu sur le GPS qu’il y avait une épave d’avion dans le fond de l’eau, alors on va aller en snorkeling voir ça. En même temps, il y a des bancs de coraux avec une multitude de poissons alors on va aller essayer de la pêche sous-marine. Après ça, on s’en va à Shroud Cay. Shroud Cay qui est l’île la plus au nord du parc protégé des Exhumas donc on ne peut pas pêcher, mais ça a l’air que c’est tout aussi beau. C’est une île déserte, on va aller faire un petit lunch et sûrement un bonfire en soirée alors on va être seul au monde sur cette île-là.

Un rêve devenu réalité : les moyens pour y arriver
- JULIEN : En fait, un moment donné mon père a cru en nous et il nous a offert de nous aider pour acheter une maison. On a décidé de se lancer dans le projet et on s’est dit que ce serait une belle manière pour nous amener à notre projet qui était de faire ce gros voyage-là. Donc on a acheté la maison, on a habité à l’intérieur de cette maison-là pendant 2 ans, le temps qu’on la rénove.
- ALEXANDRA : Donc on a vécu dans la poussière et dans un chantier de construction…
- JULIEN : Des fois, il n’y avait pas de plancher.
- ALEXANDRA : Pendant 2 ans, mais c’était malade, c’était malade à vivre!
- JULIEN : Ça l’a pris 2 ans rénover la maison et on la mise en vente. On a été chanceux, je ne sais pas si je peux appeler ça comme ça… La vente s’est faite super vite, pour un montant qu’on ne pensait même pas pouvoir la vendre! Donc là, boom : on avait le budget! Maintenant, on avait vendu la maison, il restait juste à tout vendre nos biens…
- ALEXANDRA : … et à acheter le bateau. On a vendu des biens, on a donné. Il n’y a pas rien qu’on a gardé à part les choses de valeur.
- EB : L’essentiel!
- ALEXANDRA : Les choses essentielles! On est allé vivre chez le cousin à Julien, pendant 2 mois. Ça nous a permis de tout préparer notre trip, de préparer notre itinéraire. De préparer toute la fameuse paperasse que ça prend pour partir en voilier, traverser les États-Unis. Donc ça nous a permis de tout faire ça parce qu’on partait le 28 septembre.

Eb : «Je me souviens clairement de leur maison qu’ils ont rénovée et de tous les efforts qu’ils ont mis afin de pouvoir se payer leur voilier et tout quitter. Avec les profits de la maison, Julien et Alexandra peuvent maintenant se permettre de vivre librement, sans travailler pour les 2 prochaines années. C’est aussi pourquoi nous avons pu prendre le temps de découvrir tranquillement les îles ensemble durant les derniers jours. Avec leur voilier, ils se rendront à Grenade et feront ensuite un tour du monde en voyageant backpack.»
En mode exploration des îles désertes des Bahamas
- EB : On vient d’arriver à l’île de Leaf Cay, qui est reconnue pour ses iguanes gigantesques qui nous accueillent au bord de la plage. Alors là, on va prendre le «dingy», on va s’approcher le plus possible. Je ne pense pas qu’ils sont dangereux, hein?
- JULIEN : Je ne pense pas, pas supposé. Ils sont accueillants même!
- EB : Ils sont accueillants, alors on va aller voir ça sur la plage.

Croyez-vous que votre choix de vie influence vos familles et vos amis qui ont des choix de vie un peu plus conventionnels?
- ALEXANDRA : On se le fait dire souvent qu’on est inspirant avec l’histoire qu’on a en ce moment. On se fait dire aussi qu’on a du «guts» de l’avoir fait. Mais je pense aussi qu’on est une belle preuve vivante qu’on avait un travail 9@5, des vies standards et on a décidé, du jour au lendemain de la faire. Je pense que c’est inspirant de ce côté-là, que ça prouve que tout le monde est capable de le faire. On n’est pas meilleur que d’autres, on n’a pas quelque chose qui nous est tombé sur la tête.
- EB : Ouais, vous n’avez pas gagné le million!
- ALEXANDRA : Exactement!
- JULIEN : On a travaillé pour!
- ALEXANDRA : Exactement, on a voulu faire ça, on a travaillé pour. Donc les gens voient que c’est possible de le faire.

Sortir du moule pour choisir sa voie
- Eb : Que pensez-vous de cette idée préconçue, que moi je trouve quand même assez présente en Amérique du Nord, qu’à trente ans justement, tu dois avoir la maison, être casé, les enfants, parce que là, passé un certain âge, écoute, tu ne peux plus le faire?
- ALEXANDRA : C’est une grosse pression pour beaucoup de personnes! D’un côté, c’est dommage parce qu’on n’a pas besoin d’avoir cette pression-là sur les épaules. Il y a beaucoup de gens qui vont être malheureux s’ils n’ont pas ça, mais ce n’est pas ça qui fait pas le bonheur nécessairement. En autant que tu trouves ce que tu veux toi.
- JULIEN : Il y en a aussi beaucoup pour qui le regard des autres est très important pour eux. Je ne pense pas que c’est quelque chose de bien dans la vie, le regard des autres. Si toi personnellement, à 30 ans tu voulais avoir une maison, deux enfants et un chien. Si tu es là en ce moment, à 30 ans, eh bien tu as réussi! Peu importe le regard des autres… Nous, en ce moment, on est heureux sur notre voilier, à voyager à travers le monde. Alors, peu importe l’âge, peu importe le regard des autres, peu importe si dans la vie on est supposé être quelque part à 30 ans, moi je ne suis pas pour ça.

Est-ce que le fait d’être 2 vous a aidé à faire ce saut-là?
- JULIEN : Moi, dans mon cas oui!
- ALEXANDRA : Oui, définitivement!
- JULIEN : Bon bien toi aussi, tant mieux! Moi je le dis tout le temps, je n’aurais pas pu faire ce trip-là autrement qu’avec Alex. J’avais besoin de quelqu’un comme Alex pour me compléter pour faire un trip de même.
- ALEXANDRA : Oui et ça enlève un peu la peur de l’inconnu d’être à deux. Parce que tout seul, tu te débrouilles tout seul. C’est le fun de tout partager. Toutes les émotions par lesquelles on passe, à deux, eh bien c’est sûr que c’est plus le fun!

Eb : «J’ai été ici plus d’une dizaine de fois dans ma vie, mais cette aventure unique en voilier m’a permis de voir les Bahamas comme jamais auparavant. Nous devons maintenant retourner vers Nassau et j’en profite pour apporter Julien & Alexandra voir le nouveau marché de paille. On voit que ç’a vraiment évolué. Il n’y a pu juste des sacoches en paille, là maintenant il y a des sacoches en tissu, c’est vraiment pu la même chose. Ç’a tellement changé!»
Un vent de fraîcheur dans le monde de la voile
- EB : On dit de vous que vous représentez le visage moderne des jeunes en voile au Québec, que pensez-vous de ça?
- JULIEN : Vrai!
- ALEXANDRA : C’est parfait parce que la voile c’est à découvrir puis c’est tellement quelque chose de merveilleux.
- JULIEN : En fait, je te dirais que le monde de la voile n’est pas autour des jeunes dans la trentaine d’années. C’est plus des gens plus âgés. On n’est pas dans la moyenne d’âge du monde de la voile, mais on aime ça faire connaître à tout le monde, nos amis de notre âge, nos proches, que la voile c’est quelque chose de tripant.
- ALEXANDRA : Julien il dit que c’est une machine à bonheur.

Eb : «La vie peut être si simple et parfois si compliquée. Je crois que le bonheur est un état d’esprit et quelque chose que l’on a tous la capacité de cultiver à l’intérieur de soi. Je suis peut-être naïve, mais je crois qu’il n’y a pas de plus belles aventures au monde que de vivre la vie de ses rêves.»
Pour en savoir plus sur Andraloha, découvre leur portrait de nomade ici
✩ Pour tous les autres épisodes de cette websérie ✩
- Teaser – Génération Nomade
- Épisode 0 : Le grand départ – Génération Nomade
- Vague de confessions – Francis et Alex de IAMNOMAD
- Épisode 1 : dans l’Ouest canadien – Génération Nomade
- Vague de confessions – Karl, Vincent, Félix et Antoine du Free Spirit Hostel
- Épisode 2 : au Free Spirit Hostel – Génération Nomade
- Vague de confessions – Minh de Voyage Grand V
- Épisode 3 : au Vietnam – Génération Nomade
- Vague de confessions – Guillaume Sans Destination
- Épisode 4 : à Bali – Génération Nomade
- Vague de confessions – Julien et Alexandra de Andraloha
- Vague de confessions : Safia et Emilie de Nomad Junkies
- Épisode 6 : au Cambodge – Génération Nomade