AccueilCOVID-19Débuter sa carrière d'agente de bord en pleine pandémie mondiale

Débuter sa carrière d’agente de bord en pleine pandémie mondiale

Prépandémie, personne n’aurait cru ce qui s’en venait. Surtout pas moi : j’ai volé pendant trois semaines comme agente de bord avant de me faire couper l’herbe sous le pied par la pandémie.

Un processus de longue haleine

Si tu crois encore que le travail d’un.e agent.e de bord est de te servir ton 7up, t’es à côté de la plaque. C’est dommage, qu’encore aujourd’hui, on doive le nuancer. L’agent.e de bord est présent.e à bord afin d’assurer ta sécurité. Après une carrière en communications, une formation professorale de yoga et un bac en sciences, l’appel des airs était trop fort. J’ai donné mon maximum durant le processus d’entrevue et j’ai eu la chance d’être choisie (yay!).

Ensuite, je suis passée à travers la formation intensive de deux mois. Cette formation a été l’une des expériences les plus éprouvantes de ma vie. Don’t get me wrong, j’ai un parcours universitaire : je suis habituée de bûcher et de travailler fort. C’était toutefois un stress incomparable. On a appris les procédures en cas d’amerrissage, comment reconnaître les signes de trafic humain, comment détecter la présence d’une bombe à bord (et surtout où la placer dans l’avion)… et j’en passe.

Une fois la formation complétée, on était enfin prêt à débuter notre carrière. J’ai eu quelques jours pour déménager à l’autre bout du Canada. C’était ça la game : j’étais prête à tout et hyper motivée. Ça faisait environ 10 ans que je rêvais de devenir agente de bord. Moi et ma cohorte étions tellement excitées à l’idée de tourner la page de la formation et de commencer ce nouveau chapitre : voler de nos propres ailes (littéralement).

Déménagement à l’autre bout du Canada

© Lisa Marie Gaudreault / Nomad Junkies

Quelques jours suivant la graduation, on a quitté Montréal pour devenir agent.es de bord dans l’Ouest canadien. En trois jours, moi et mes collègues avons signé un bail et déménagé dans notre appartement complètement vide. Jour 4 : je commençais à voler. Je ne te cacherai pas que c’était overwhelming, mais on était tous sur notre petit nuage. J’étais prête à toute éventualité (même un crash d’avion), mais en temps normal lorsque tout se passe bien, j’étais censée faire quoi? Même si on avait été formé.e, c’était difficile de vraiment comprendre quel était notre travail au quotidien. On allait l’apprendre sur le terrain.

Mon premier vol

© Safia Dodard / Nomad Junkies

Lorsque j’ai commencé à voler en mars 2020, c’était le début de la COVID. La plupart de mes collègues étaient optimistes, mais on parlait déjà des dommages collatéraux d’une possible pandémie mondiale. Lorsqu’on commence comme agent.e de bord, on est sur appel. J’ai été appelé durant la nuit pour me faire attribuer mon premier vol qui décollait très tôt le matin. J’étais tellement stressée. Nous étions deux petits nouveaux à être responsables de la cabine arrière. Évidemment, notre chef de cabine nous faisait signe d’accélérer le service parce que nous étions trop lents. Tout à coup, la lumière rose du lever de soleil s’est mise à diffuser partout à travers la cabine. C’était tellement magnifique que j’en avais la chair de poule. C’est à ce moment que je me suis dit : « This is it, c’est le miracle de l’avion ». Honnêtement, quel emploi te permet de voler quotidiennement? Pretty fly, right? À la fin du vol, notre chef de cabine nous a félicités et tous les passagers se sont mis à applaudir. C’était un très beau moment. Les vols qui suivirent furent parsemés d’incertitude.

Tirer profit d’une mise à pied

© Lisa Marie Gaudreault / Nomad Junkies

Quelques semaines plus tard, nous étions tous et toutes mises à pied. Toucher si brièvement à la carrière qui nous passionnait n’était qu’un tease. La pandémie a été dévastatrice pour l’industrie de l’aviation et du tourisme : pire que l’événement du 11 septembre 2001. Du jour au lendemain, des agent.es de bord avec des dizaines d’années d’ancienneté se sont retrouvé.es sans emploi. Un bel apprentissage de résilience.

J’ai gardé, malgré tout, la tête haute. Évidemment, il y a eu quelques remises en question dans l’air, mais j’ai su tirer profit de cette expérience. J’ai make the most out of it, comme on dit. J’ai réalisé l’un des rêves que je chérissais depuis longtemps : habiter dans l’Ouest. Tant qu’à avoir signé un bail, on s’est dit : « pourquoi ne pas rester et profiter des Rocheuses ? » Ç’a été huit mois incroyables, où j’ai fait plus de randonnées qu’il est possible d’en compter. En Alberta, la première vague ne s’est pas fait sentir autant qu’au Québec. Nous avons pu profiter à fond des paysages que l’Ouest avait à nous offrir.

On a tous perdu beaucoup depuis ce fameux mois de mars 2020. Certains beaucoup plus que moi. Je suis reconnaissante de ne pas avoir perdu un être cher ou ma petite entreprise, comme d’autres qui ont eu moins de chance. Je crois toutefois qu’on voit la lumière au bout du tunnel et que le voyage est loin d’être mort. Personnellement, j’ai ma compagnie aérienne tatouée sur le cœur.

Sur ce, en espérant te servir ton 7up avec mon plus grand sourire plus tôt que tard.

Lisa Marie Gaudreault
Lisa Marie Gaudreault
Je suis agente de bord, nutritionniste, professeure de yoga, rédactrice, mais surtout nomade. J’ai habité au Nicaragua et dans l’Ouest canadien. Voyager vient combler chez moi mon besoin de me renouveler sans cesse et ma curiosité insatiable. L'un de mes buts est d'éduquer les voyageurs afin qu'ils voyagent de façon plus responsable en accord avec la nature.
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