AccueilPérouCe Québécois part son projet de « hostel » au Pérou en pleine pandémie

Ce Québécois part son projet de « hostel » au Pérou en pleine pandémie

De nombreux voyageurs rêvent de se partir un hostel : c’est un classique. Ce backpacker l’a fait, et ce, en pleine pandémie! Éric t’attend dans son auberge de jeunesse à Lima, au Pérou.

Âgé de 24 ans, Éric « backpack » depuis très longtemps. Il a cumulé les expériences en travaillant dans plusieurs auberges de jeunesse. Il a acquis énormément de savoir et de nombreux apprentissages avant de se lancer en affaires. Jamais deux sans trois, comme on dit! Après quelques tentatives pour obtenir sa propre auberge, Éric est maintenant prêt à t’accueillir au Black Llama Hostel, dans Miraflores, populaire quartier de Lima (une magnifique ville remplie d’action).

Comment est parti ton projet d’auberge de jeunesse? Est-ce un rêve que tu chérissais depuis longtemps?

« Ça fait vraiment longtemps! J’ai commencé à voyager à l’âge de 17 ans. Je restais dans des auberges de jeunesse. La première fois, je suis parti huit mois en Asie. C’était incroyable de rencontrer des gens venant de partout à travers le monde. Depuis ce moment, j’ai toujours eu l’idée en tête (comme tous les voyageurs, en fait, mais c’est souvent pas un rêve concret).

J’ai travaillé au hostel Café Con Leche, au Nicaragua. J’ai aussi fait du WWOOFing, du volontariat, dans différentes auberges au Portugal, en Espagne et en Allemagne. Je suis vraiment tombé en amour avec la culture de l’hôtellerie. J’ai toujours aimé travailler avec les gens. J’ai tenté de partir un projet à Granada, au Nicaragua. Au moment de la crise politique et économique, j’ai essayé d’acheter une auberge qui existait déjà là-bas. En Amérique latine, c’est vraiment des handshake deals, alors il n’y a rien de garanti. Finalement, ça n’a pas fonctionné.

En 2019, j’ai aussi essayé de partir mon projet au Salvador. Encore une fois, ça n’a pas fonctionné. Je suis vraiment tombé amoureux de l’Amérique latine. Au moment de la pandémie, j’étais un peu coincé en Bolivie. J’ai commencé à discuter avec des propriétaires d’auberge au Pérou où j’avais été bénévole auparavant. À ce moment-là, on ne savait pas à quoi s’attendre avec la pandémie. Après près d’un an de négociations et de discussions, j’ai acheté leur license pour devenir propriétaire d’une de leurs auberges qui ne fittait plus vraiment avec leur brand. C’était la première auberge de ces gars-là. Ça fait vraiment longtemps que j’essaie, c’était de l’essai-erreur.

J’ai dû être sponsored par les propriétaires pour pouvoir être éligible à posséder ma propre entreprise ici. Comme j’ai dit, ici, c’est vraiment des handshake deals, et personne de sain ferait ce que j’ai fait. Les propriétaires pourraient partir avec tout mon argent. En bout de ligne, je me suis dit : j’ai 24 ans, au pire, si je perds mon investissement, j’aurai habité au Pérou. Je serais à la même place dans la vie que bien des gens de mon âge. »

Pourquoi avoir choisi Lima, au Pérou?

© Black Llama Hostel / Nomad Junkies

« En fait, j’ai surtout choisi Miraflores. Lima, c’est énorme. Il y a de tout. Tu ne vas pas dans tous les secteurs non plus. Miraflores, c’est vraiment un beau coin touristique. Je suis à 15 minutes de la plage si je veux aller surfer. En ce moment, je n’ai pas le temps. (haha!) Il y a vraiment une belle vague ici.

Mon but est d’ouvrir plusieurs auberges au Pérou. Je trouve que Lima, c’est un bon starting point. Les gens arrivent à Lima. J’aime la ville, la culture et la nourriture. C’est la meilleure bouffe en Amérique latine. C’est un endroit idéal pour sortir et rencontrer des gens, mais c’est chaotique, il y a du monde partout! Il y a des spots incroyables : le Malecón à 10 minutes à pied de l’auberge, une falaise. Tu peux y observer les gens qui font du parapente. Il y a des skateparks partout. »

Tu as acheté ton auberge de jeunesse en pleine pandémie, au moment où il était impossible de voyager. Pourquoi choisir ce moment?

© Éric Béland / Nomad Junkies

« Honnêtement, c’est vraiment les opportunités. C’est sûr que c’est triste de voir des gens qui ont les mêmes projets que toi et qui ont de la difficulté. Ils doivent vendre. C’est une aide pour eux, au moins. J’ai vu l’opportunité de commencer un projet qui a le potentiel de devenir gros. Avant la pandémie, ça aurait été possible, mais l’investissement aurait été 10 fois celui que j’ai fait. »

Comment avez-vous vécu la pandémie au Pérou?

© Black Llama Hostel / Nomad Junkies

« Il y avait énormément de règles. J’étais en Bolivie au début, mais c’était assez similaire. On avait le droit de sortir une fois par semaine, entre 7h et midi selon notre numéro de passeport. C’était vraiment difficile de revenir au Canada. Tout s’est déroulé vraiment vite. Lorsque j’étais en Bolivie, je n’ai pas pu revenir au Canada, parce que tous les vols de rapatriement partaient du Pérou. Encore aujourd’hui, il y a un couvre-feu. C’est vraiment plus sévère qu’au Canada. Les gens mettent encore les masques à l’extérieur. Ici, si le Gouvernement le dit, les gens le font. »

Parle-nous de Black Llama Hostel, qu’est-ce qui la rend si spéciale?

© Black Llama Hostel / Nomad Junkies

« Le nom vient de « black sheep », différent des autres. J’ai fait beaucoup d’auberges à Miraflores et elles étaient toutes pareilles. C’était les mêmes jeux, les mêmes drinks, le même genre de check-in. On avait la place ici pour partir quelque chose de nouveau. C’est un community hostel. 

J’ai travaillé avec les matériaux urbains et on a fait la restauration d’un combi (Westfalia). On a travaillé aussi avec les plantes : on a voulu créer une jungle urbaine. C’est pas un Hilton. Tout est simple et propre. On veut créer le sentiment de communauté avec les locaux, les volontaires et moi, qui est ici. Je veux que les gens s’y sentent au calme pour planifier leur voyage, mais aussi qu’ils y rencontrent des gens.

Beaucoup d’auberges n’acceptent pas les locaux. Moi, je suis en amour avec les gens du Pérou et la culture. Je veux que les clients puissent rencontrer des Péruviens au bar et apprendre l’espagnol. J’ai essayé de créer l’auberge parfaite, selon ce que j’ai toujours recherché dans un hostel. C’est pas une auberge de party. On va faire la fête, mais quand tout est terminé, les gens peuvent dormir en paix. »

Quel est le plus grand défi que tu as rencontré jusqu’à présent? As-tu eu des remises en question durant ton processus?

© Black Llama Hostel / Nomad Junkies

« J’ai eu beaucoup de remises en question, mais c’est un projet que tu ne dois pas overthink. Tu ne peux pas dormir. Quand on a commencé les rénovations, je dormais par terre et je changeais de pièce chaque jour. Je vivais sur un chantier de construction. Au départ, l’auberge était un désastre. À ce moment, n’importe qui sain d’esprit n’aurait pas embarqué.

J’y vais une journée à la fois. Il faut faire confiance au process. On y va avec les priorités et pour le reste, c’est de bien s’entourer. J’ai des employés incroyables. Ouvrir une auberge, c’est loin d’être seulement à propos de rencontrer des gens. Si c’est vraiment ça ton rêve, ce sera des apprentissages. Tu apprends tout sur le tas, personne peut te montrer comment faire. »

On connaît tous le cliché du propriétaire de hostel qui veut rencontrer des filles… Parle-nous de ta vision de l’amour en tant que proprio d’auberge?

« Trouver le temps de penser à l’amour en ce moment serait vraiment difficile. C’est certain que je suis ouvert. Les femmes ici sont vraiment belles et elles ont une belle culture entrepreneuriale. Ce sont des femmes fortes et indépendantes. La culture latine est incroyable, c’est chaleureux.

Par contre, en ce moment, je suis zéro prêt à m’engager. À mon âge avec les responsabilités que j’ai, je ne suis pas prêt. Le cliché du propriétaire d’auberge est vrai, parce que c’est « facile ». Je n’aime pas dire « facile ». Tant que c’est fait dans le respect et le consentement! Tu peux avoir des amours d’une semaine ou deux et ça restera un bon souvenir. »

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se partir un hostel?

© Black Llama Hostel / Nomad Junkies

« De ne pas trop réfléchir. Achète-toi un billet d’avion dans la destination qui t’intéresse. Va voir si t’aimes ça. Visite et va travailler dans des auberges. Apprends tout ce que tu peux apprendre sur l’hôtellerie. Si tu as ces bases-là, rendu-là tout est possible. Engage-toi un traducteur au besoin. Ensuite, c’est une étape à la fois. Il faut juste le faire et le wing itC’est vraiment d’essayer et au pire, ça marchera pas.

Il faut choisir ce que tu veux faire dans la vie. La vie passe vite. Si tu fais rien, ça passe vite quand même. Aussi bien faire quelque chose que tu aimes. Le voyage ne va pas régler tes problèmes. Chaque fois que je revenais de voyage, j’avais encore plus de projets en tête. Il y a d’autres gens qui l’ont fait avant toi, toi aussi t’es capable. On savait tous pas comment faire. Il faut juste se lancer. »

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour l’avenir?

© Black Llama Hostel / Nomad Junkies

« Good vibes. Beaucoup de voyageurs et de rencontres. D’autres auberges, tant qu’à être occupé, je veux être occupé! J’aimerais avoir une petite maison (une auberge) un peu partout : sur la plage et dans les montagnes. »

Si tu prévois ton prochain voyage au Pérou, passe pas à côté de rendre visite à Éric au Black Llama Hostel.

Tu te rends en Amérique latine? Visite aussi la nouvelle auberge du Free Spirit Hostel.

Et toi? Est-ce que c’est ton rêve de posséder un jour ta propre auberge?

Lisa Marie Gaudreault
Je suis agente de bord, nutritionniste, professeure de yoga, rédactrice, mais surtout nomade. J’ai habité au Nicaragua et dans l’Ouest canadien. Voyager vient combler chez moi mon besoin de me renouveler sans cesse et ma curiosité insatiable. L'un de mes buts est d'éduquer les voyageurs afin qu'ils voyagent de façon plus responsable en accord avec la nature.
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